mardi 8 décembre 2009

Tague 3 - Le Catastrophomètre

Lue sur plusieurs blogue, mais issue de chez Martin Petit.

Où étiez-vous et quelle était votre situation sociale lors de ces événements?


Polytechnique:
J'ai 9 ans, presque 10. Je vois à la télé ce qui s'est passé. J'ai des questions plein la tête. Mais je ne les pose pas, ma mère, pas-encore-officiellement-monoparentale-mais-ça-s’en-vient, est trop occupée pour que je la dérange avec ça. Le lendemain, à l'école, j’apprends dans la cour d’école que l'amie de la fille d'une enseignante est morte dans cette tragédie. Je me questionne encore plus. La mort n'a pas encore croisé ma route, je ne la saisis pas. Je finis par questionner ma mère. Et elle m'explique. Et me parle d’égalité des sexes et de femmes qui payent injustement de leur vie. Et dans ma tête, je suis devenue féministe. Bon, pas dans ces mots-là à ce moment-là... je n’ai pas encore lu Beauvoir ni tout ce que je lirai plus tard, mais depuis quelques jours, je lis en cachette Jamais sans ma fille. Ma mère l’a emprunté à la bibliothèque mais m’a interdit de le lire. Je suis docile, mais pas pour les livres. Je me rappelle très bien avoir comparé les deux situations et m’être dit que c’était injuste qu’une femme meurt ou soit maltraitée parce qu’elle était une femme. Après cette discussion, j’ai probablement lu en soupant pendant que me mère me disait de lâcher mon livre et d’aller ensuite ranger ma chambre… ce que j’ai probablement fait en lisant et en poussant mes choses sous le lit. Et je me suis probablement endormie en écoutant ma cassette de New Kids on the Block dans mon gros walkman jaune fake.

11 septembre:
J’étudie à l’UQAM où j’entame la troisième année de mon baccalauréat en enseignement. Je travaille dans une épicerie pour payer mes études et je date Étienne, un comptable tatoué de partout et très versé dans le heavy metal. Rien de sérieux, on regarde des films et on baise dans son immense 6 1/2 à peine meublé. J’habite toujours chez ma mère, mais je viens de m’installer plutôt confortablement au sous-sol : semblant d’autonomie. Je lis les existentialistes, les féministes et les beatniks et j’écoute mes cd de vieux chanteurs français sur mon discman. Mon moral n’est pas très fort. Je combats une dépression «post-suicide de mon frère» que j’ignore de toutes mes forces. Ce jour-là, je suis assise dans mon cours d’histoire des États-Unis donné par Donald Cuccioletta qui, depuis deux semaines, nous répète que si les États-Unis ne changent pas certaines de leurs politiques étrangères bientôt, ils devront s’attendre à des attaques terroristes. On a à peine commencé le cours. Quelqu’un arrive en retard et annonce la nouvelle. On ne sait pas trop ce qui se passe. On poursuit un peu le cours et on finit par aller regarder la télé au Grimoire. On voit les tours s’écraser. Je n’oublierai jamais cette journée ni le soulagement sur le visage de ma mère - qui paniquait depuis l’avant-midi et n’arrivait pas à me joindre sur mon cellulaire - lorsque je suis rentrée ce soir-là.

Aujourd’hui:
J’ai 29 ans, presque 30. Je suis toujours aux études, je travaille comme une malade, je procrastine à souhait, je bois trop de café et je partage un appartement avec un ami. Je serai éventuellement une candidate au post-graduate syndrome, je sais. Je lis surtout des articles scientifiques, un peu de poésie - jamais abandonné mes beatniks – et tout ce qui me tombe sous la main, mais je suis difficile. J’ai commencé à lire des livres électroniques - agréables dans les transports. J’achète ma musique au gré de mes humeurs directement sur internet et l’écoute sur mon iPhone ou mon MacBook Pro allumé en permanence. J’ai des projets plein la tête: je pars pour l’Afrique dans quelques semaines. Pour la deuxième fois. Je pense souvent aux recherches que j’ai envie de faire quand j’aurai un papier qui me dira que je qualifiée pour en faire par moi-même. Célibataire sans enfant et presque sans horaire, je cherche de plus en plus ma place dans un groupe d’amis de plus en plus casés, installés, hypothéqués et reproduits. Je sais ce que je voudrais comme vie dans ma tête, mais je ne sais pas encore si je vais trouver un homme qui a le même rêve que moi. Je n’ai jamais fait les choses comme les autres, mais je ne m’en porte pas plus mal. Je suis encore en définition… et ça fait un peu paniquer ma mère. Mais bon, ce n'est pas nouveau.

2 commentaires:

Anonyme a dit…

La mienne aussi panique :)

Tu as oublié de dire (et moi de même) qu'on était sur les mêmes bancs d'école, en 2001 :)))

... et encore en 2009

et je te parie ma non-sobriété des fêtes *ce n'est pas rien* qu'on y sera encore en 2020 - mais cette fois-ci avec un salaire qui a de l'allure et des allures de Divas ;)

LeDZ a dit…

Tsé, dins fois, je panique comme toi... Parce que oui, j'ai l'impression que tu paniques comme moi.

Mais le fait est que, souvent, quand je panique, je ris. Je ris parce que je ne me controle pas, et que je ne veux pas le faire.

Je suis qui je suis, mais je fais ce que je veux.

Et comme je t'écris ça, je ne peux m'empêcher de penser à claude Dubois, avec sa toune : J'ai besoin de... C'est pas le titre, mais il ne cesse de le répéter..

J'ai confiance en ton bonheur Amé... Toi ?