Extérieur, de jour, sous le soleil plombant de Dakar
C'est maintenant officiel. Amélie est trentenaire.
En ce matin de son anniversaire, Amélie est assise à la terrasse de la maison où elle demeure. Il n'est pas encore midi et il fait 34C au thermomètre. Au moins, la chaleur ici est sèche, pas humide comme à Montréal. La gouvernante lui sert le café. Amélie la laisse faire au prix d'un certain pincement de coeur. Amélie sait que les employés de maison sont nécessaires: ne pas en engager, c'est très mal vu . Les engager, c'est créer de l'emploi. Malgré tout, Amélie ne s'habitue pas à se faire servir. Tout le temps, partout, pour tout.
Amélie aime le Sénégal. La ville de Dakar est belle, moderne, agréable. Et les Sénégalais....quoi dire, les Wolofs ont des corps de dieux. Sérieusement. Entre 16h et 19h, ils courent tous le long de la corniche. De longues jambes musclées, un torse découpé au couteau, des épaules sur lesquelles on a envie de poser la tête. Amélie les regarde courir par la fenêtre baissée de la Mercedes qui la ramène à la maison après la journée au bureau. Et répond par un sourire aux sifflements qui lui sont dirigés.
À l'occasion, lorsqu'Amélie se fait draguer et demander en mariage par l'un de ces dieux d'ébène, la pensée de dire oui l'effleure. Mais cette pensée déraisonnable la quitte assez rapidement lorsque le terme «polygame» perce la brume de son cerveau. Amélie ne comprendra jamais ce principe et ne pourra jamais faire confiance à quelqu'un pour qui la polygamie est le signe ultime de richesse et de réussite. Dommage.
Les collègues du bureau lui ont offert une tunique traditionnelle pour son anniversaire. Une longue tunique en basin riche, un tissu très dispendieux résultant d'un mélange de lin et de coton, et brodée de manière magnifique. La pensée a beaucoup touché Amélie. Il faut savoir que le principe du cadeau d'anniversaire n'est pas du tout répandu au Sénégal. Pour leur faire plaisir, Amélie a prévu la porter vendredi prochain, jour de la Mosquée, mais surtout, jour où les Sénégalais se mettent sur leur 36. Un peu l'équivalent des dimanches d'antan au Québec.
Mais pour l'instant, Amélie va profiter d'une première journée de congé en trois semaines pour se prélasser sur le bord de la piscine. Et penser à cette décennie qui commence.
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