lundi 3 mai 2010

Constation No 3

Quand toutes tes nombreuses amies de ton âge sont mariées et/ou propriétaires et/ou mères ou tout ça en même temps, ça te remet en pleine face ton adulescence.

Paffff!

Et moi qui m'embarque dans un autre quatre ans de vie d'étudiante simili-fauchée.

Tu veux faire un doctorat Amélie? Tu l'as eu ta bourse tant convoitée? Ben assume.

C'est ce que je me dis ce soir.

dimanche 7 février 2010

Dans l'épisode d'aujourd'hui

Extérieur, de jour, sous le soleil plombant de Dakar

C'est maintenant officiel. Amélie est trentenaire.

En ce matin de son anniversaire, Amélie est assise à la terrasse de la maison où elle demeure. Il n'est pas encore midi et il fait 34C au thermomètre. Au moins, la chaleur ici est sèche, pas humide comme à Montréal. La gouvernante lui sert le café. Amélie la laisse faire au prix d'un certain pincement de coeur. Amélie sait que les employés de maison sont nécessaires: ne pas en engager, c'est très mal vu . Les engager, c'est créer de l'emploi. Malgré tout, Amélie ne s'habitue pas à se faire servir. Tout le temps, partout, pour tout.

Amélie aime le Sénégal. La ville de Dakar est belle, moderne, agréable. Et les Sénégalais....quoi dire, les Wolofs ont des corps de dieux. Sérieusement. Entre 16h et 19h, ils courent tous le long de la corniche. De longues jambes musclées, un torse découpé au couteau, des épaules sur lesquelles on a envie de poser la tête. Amélie les regarde courir par la fenêtre baissée de la Mercedes qui la ramène à la maison après la journée au bureau. Et répond par un sourire aux sifflements qui lui sont dirigés.

À l'occasion, lorsqu'Amélie se fait draguer et demander en mariage par l'un de ces dieux d'ébène, la pensée de dire oui l'effleure. Mais cette pensée déraisonnable la quitte assez rapidement lorsque le terme «polygame» perce la brume de son cerveau. Amélie ne comprendra jamais ce principe et ne pourra jamais faire confiance à quelqu'un pour qui la polygamie est le signe ultime de richesse et de réussite. Dommage.

Les collègues du bureau lui ont offert une tunique traditionnelle pour son anniversaire. Une longue tunique en basin riche, un tissu très dispendieux résultant d'un mélange de lin et de coton, et brodée de manière magnifique. La pensée a beaucoup touché Amélie. Il faut savoir que le principe du cadeau d'anniversaire n'est pas du tout répandu au Sénégal. Pour leur faire plaisir, Amélie a prévu la porter vendredi prochain, jour de la Mosquée, mais surtout, jour où les Sénégalais se mettent sur leur 36. Un peu l'équivalent des dimanches d'antan au Québec.

Mais pour l'instant, Amélie va profiter d'une première journée de congé en trois semaines pour se prélasser sur le bord de la piscine. Et penser à cette décennie qui commence.

vendredi 8 janvier 2010

Question(s) existentielle(s) No. 10

Pourquoi est-ce que je ne peux pas passer devant un magasin de chaussures sans en acheter une paire?

mercredi 6 janvier 2010

Dans l'épisode d'aujourd'hui

Extérieur, de jour

Amélie marche vers le dépanneur. Elle vient d'échanger plusieurs courriels avec le neuroscientifique. Celui qui a déposé la plus grosse roche dans le coeur d'Amélie dans la dernière année.

Amélie avait pourtant mis une croix sur celui qui était parti indefinitely dans la grande ville laide et capitaliste de Toronto.

But he is back et Amélie vient de se rappeler pourquoi she fell for him in the first place.

Amélie se dit qu'elle doit résister pendant 13 jours encore. Treize petits jours de rien. Treize longues nuits.

mardi 5 janvier 2010

Dans l'épisode d'aujourd'hui

Intérieur, de soir

Amélie regarde sa valise ouverte toute grande par terre sur le plancher déjà trop rempli de sa chambre.

Il y a bien des années, Amélie était persuadée que lorsqu'elle allait être adulte, son plancher de chambre allait être propre. Vidé des piles hétéroclites qui ont embrouillé son adolescence. Comme elle se trompait. Maudite pensée magique.

Aujourd'hui, donc, Amélie regarde ses piles qui entourent sa valise toute neuve par terre sur le plancher un peu trop froid de sa chambre.

Et elle les classe dans sa tête, à défaut de les ramasser pour vrai.

La pile de livres pour la maîtrise.
La pile de livres pour le doctorat.
La pile de papiers à classer.
La pile de documents pour son emploi d'assistante de recherche.
La pile de documents pour son emploi d'éditrice.
La pile de livres pour le plaisir.
La pile de livres pour garder son cerveau allumé.
La pile de vêtements à laver.
La pile de sacs à mains à ranger.
La pile de souliers à replacer.
La pile de factures à payer.

La pile de blessures à panser.

Les valises en direction du Sénégal vont être lourdes. Mais Amélie espère bien que le coeur, au retour, sera plus léger.

jeudi 31 décembre 2009

Rétrospective annuelle

Intérieur, de jour

En cette année 2009 qui se termine, Amélie fait un bilan:


ce qu'elle a fait pour la première fois en 2009:

- Enseigner à l'université;
- Se faire poser des ongles en acrylique;
- Faire plus de 20 km pour aller travailler;
- Poser de la tapisserie sur un meuble;
- Écrire un mémoire de maîtrise;
- Être marraine;
- Voir ses amies être enceintes et accoucher;
- Remplir des demandes de bourses doctorales;
- Aller dans un salon de bronzage;
- Voyager dans un club tout-inclus;
- Publier un article scientifique.


ce qu'elle espère avoir fait pour la dernière fois en 2009:

- Se faire poser des ongles en acrylique;
- Voir ses amis se chicaner et être impuissante à les réconcilier;
- Voir sa famille se chicaner et être impuissante à les réconcilier;
- Avoir à justifier ses nombreuses heures de travail à son entourage;
- S'inscrire dans un gym, abandonner et continuer à payer.


ce qu'elle compte faire pour la première fois en 2010:

- Aller travailler au Sénégal;
- Déposer son mémoire de maîtrise;
- Voir si la trentaine sera plus douce que la vingtaine;
- Entrer au doctorat;
- Entendre sa filleule prononcer son nom;
- Présenter dans un congrès scientifique;
- Obtenir une bourse pour étudier;
- Trouver, enfin, un système de classement efficace pour ses bibliothèques.

mardi 8 décembre 2009

Tague 3 - Le Catastrophomètre

Lue sur plusieurs blogue, mais issue de chez Martin Petit.

Où étiez-vous et quelle était votre situation sociale lors de ces événements?


Polytechnique:
J'ai 9 ans, presque 10. Je vois à la télé ce qui s'est passé. J'ai des questions plein la tête. Mais je ne les pose pas, ma mère, pas-encore-officiellement-monoparentale-mais-ça-s’en-vient, est trop occupée pour que je la dérange avec ça. Le lendemain, à l'école, j’apprends dans la cour d’école que l'amie de la fille d'une enseignante est morte dans cette tragédie. Je me questionne encore plus. La mort n'a pas encore croisé ma route, je ne la saisis pas. Je finis par questionner ma mère. Et elle m'explique. Et me parle d’égalité des sexes et de femmes qui payent injustement de leur vie. Et dans ma tête, je suis devenue féministe. Bon, pas dans ces mots-là à ce moment-là... je n’ai pas encore lu Beauvoir ni tout ce que je lirai plus tard, mais depuis quelques jours, je lis en cachette Jamais sans ma fille. Ma mère l’a emprunté à la bibliothèque mais m’a interdit de le lire. Je suis docile, mais pas pour les livres. Je me rappelle très bien avoir comparé les deux situations et m’être dit que c’était injuste qu’une femme meurt ou soit maltraitée parce qu’elle était une femme. Après cette discussion, j’ai probablement lu en soupant pendant que me mère me disait de lâcher mon livre et d’aller ensuite ranger ma chambre… ce que j’ai probablement fait en lisant et en poussant mes choses sous le lit. Et je me suis probablement endormie en écoutant ma cassette de New Kids on the Block dans mon gros walkman jaune fake.

11 septembre:
J’étudie à l’UQAM où j’entame la troisième année de mon baccalauréat en enseignement. Je travaille dans une épicerie pour payer mes études et je date Étienne, un comptable tatoué de partout et très versé dans le heavy metal. Rien de sérieux, on regarde des films et on baise dans son immense 6 1/2 à peine meublé. J’habite toujours chez ma mère, mais je viens de m’installer plutôt confortablement au sous-sol : semblant d’autonomie. Je lis les existentialistes, les féministes et les beatniks et j’écoute mes cd de vieux chanteurs français sur mon discman. Mon moral n’est pas très fort. Je combats une dépression «post-suicide de mon frère» que j’ignore de toutes mes forces. Ce jour-là, je suis assise dans mon cours d’histoire des États-Unis donné par Donald Cuccioletta qui, depuis deux semaines, nous répète que si les États-Unis ne changent pas certaines de leurs politiques étrangères bientôt, ils devront s’attendre à des attaques terroristes. On a à peine commencé le cours. Quelqu’un arrive en retard et annonce la nouvelle. On ne sait pas trop ce qui se passe. On poursuit un peu le cours et on finit par aller regarder la télé au Grimoire. On voit les tours s’écraser. Je n’oublierai jamais cette journée ni le soulagement sur le visage de ma mère - qui paniquait depuis l’avant-midi et n’arrivait pas à me joindre sur mon cellulaire - lorsque je suis rentrée ce soir-là.

Aujourd’hui:
J’ai 29 ans, presque 30. Je suis toujours aux études, je travaille comme une malade, je procrastine à souhait, je bois trop de café et je partage un appartement avec un ami. Je serai éventuellement une candidate au post-graduate syndrome, je sais. Je lis surtout des articles scientifiques, un peu de poésie - jamais abandonné mes beatniks – et tout ce qui me tombe sous la main, mais je suis difficile. J’ai commencé à lire des livres électroniques - agréables dans les transports. J’achète ma musique au gré de mes humeurs directement sur internet et l’écoute sur mon iPhone ou mon MacBook Pro allumé en permanence. J’ai des projets plein la tête: je pars pour l’Afrique dans quelques semaines. Pour la deuxième fois. Je pense souvent aux recherches que j’ai envie de faire quand j’aurai un papier qui me dira que je qualifiée pour en faire par moi-même. Célibataire sans enfant et presque sans horaire, je cherche de plus en plus ma place dans un groupe d’amis de plus en plus casés, installés, hypothéqués et reproduits. Je sais ce que je voudrais comme vie dans ma tête, mais je ne sais pas encore si je vais trouver un homme qui a le même rêve que moi. Je n’ai jamais fait les choses comme les autres, mais je ne m’en porte pas plus mal. Je suis encore en définition… et ça fait un peu paniquer ma mère. Mais bon, ce n'est pas nouveau.