Intérieur, de soir, début du mois de septembre
Amélie est assise autour de la grande table devant la fenêtre de la quincaillerie (le bar, pas le Rona). Elle est entourée d'amis et de collègues de travail. Ils ont mangé chez Panos. Ont bu tout plein de bouteilles de vin. Là, dans le bar sombre, ils augmentent leur taux d'alcoolémie à coup de Boréale blonde, de gin tonic et de rhum and coke. Ça discute allègrement. De tout et de rien. De l'école qui vient de recommencer, des nouveaux élèves aussi bébés gâtés que les précédents, de l'été qui se termine, des voyages qui ont été faits, des relations amoureuses toujours trop compliquées.
Amélie a la mine basse. Ces rencontres sociales sont de plus en plus difficiles. Rarement en sort-elle sans se mettre à pleurer dans les toilettes ou dans sa voiture sur le chemin du retour. Sa vie lui pèse lourd. Tous ont l'air heureux. Et elle, elle est malheureuse. Un malheur sans nom, fuyant mais permanent. Amélie sent qu'elle n'appartient pas. Qu'un mur se dresse entre elle et les autres. Elle s'en ouvre un peu, à l'occasion. Rarement. Ce soir-là, elle essaye de trouver des mots pour l'expliquer ce mal être.
Amélie: On dirait que la vie est liguée contre moi. Pourtant, je suis une fille intelligente. Je suis sympathique. Pourquoi y'a jamais rien qui marche?
G: Mais non, c'est pas vrai qu'y'a rien qui marche jamais. La preuve: on est devenues amies!
A: Je sais bien...
C: Tu ne penses pas que tu vois les choses pires qu'elle le sont vraiment?
A: Non.
C: *gros soupir*
P: C'est vrai que tu as eu ton lot de malheurs. Pis que la vie a pas toujours été facile pour toi. Mais en même temps, il y a plein de belles choses autour de toi.
A: Je sais pas...
G: Nous, on est là!
C: Bon, le travail, c'est pas parfait, mais t'aime ça quand même?
A: Oui, oui. J'aime ça enseigner. Encore plus depuis que P et moi on travaille vraiment ensemble. On est une super équipe.
P: Bon, tu vois!
A: Oui, mais.... ça va pas. Je vois pas le bout. Tout me fait chier dans le fond. Et ça me fait encore plus chier d'être célibataire.
G: Tu vas trouver, Amélie. C'est juste que le bon, celui qui te mérite vraiment, il a pas croisé ton chemin.
A: Humf!
M (qui s'immisce dans la conversation): On joue à un jeu. On se pose des questions! C'est moi qui commence! Amélie: préfèrerais-tu mourir écrasée par un yéti ou d'une allergie subite aux kiwis?
A: T'es con M!
M: Non, non, c'est une vraie question!
P: Amélie, tu ne penses pas qu'il serait temps que tu consultes? Je pense que ça te ferait du bien.
Amélie trouva ce commentaire dur. Elle pleura un peu dans la voiture sur le chemin du retour. Sauf que...
Le lendemain matin, sur le site de l'ordre des psychologues du Québec, elle se trouvait un gentil psy, Hugues. Toute une aventure allait commencer, mais ça, elle ne le savait pas encore.
Inscription à :
Publier les commentaires (Atom)
3 commentaires:
Moi aussi, c'est un ami qui m'a dit qu'il était temps que j'aille voir un psy.
tu sais... le libellé rouge...
cruelle ironie.
J'ai vraiment, vraiment hâte de te voir, avec GE.
xxx
La diva #3 (tiens, je viens de décider le pseudo de mon prochain blogue !)
@Morgane: Pas facile à prendre comme commentaire même quand c'est quelqu'un super près de moi comme Pedro l'est. Sur le coup, c'est dur. Mais maintenant, je lui en suis éternellement reconnaissante :)
Bah, tu sais, le rouge, le bleu, le blanc, le plus important reste que c'est pour toi que tu fais ce genre de démarche à la fin. J'ai également très hâte de vous voir (et il faudra nous entendre sur nos numéros de divas)Gros bisous xxx
Je sais que ce n'est pas une mince tâche que de rentrer dans un bureau de psy pour tenter d'y voir plus clair dans nos idées sombres. Je n'ai toujours pas eu le courage d'y retourner pour continuer une démarche entreprise avant mon escapade africaine... Va falloir que je me botte le derrière.
By the way, on a pensé à une pige pour le numéro... :)
Enregistrer un commentaire