Extérieur, de jour, dans un marché public de Madagascar
Amélie n'est pas à Madagascar depuis 24 heures. Lalaina, son chauffeur, un ancien garde du corps, lui fait visiter le centre-ville et du même coup, le marché d'Anakely, le plus grand de Tana. Amélie a peur. Des peurs occidentales: se faire voler, se faire agresser, se faire arnaquer. Amélie marche tout près de Lalaina. Elle ne s'en éloigne pas. Elle sert contre elle son sac. La peur est puissante, la chaleur est intense, la ville est toute en collines et en escaliers. Amélie sue à grosses gouttes. Elle se sent ridicule. Blanche, innocente et ridicule.
Amélie se promène devant les étals. Ici, le coin des babioles «made in China», celles bas de gamme qui font passer la marchandise des magasins à 1 dollar pour des produits de luxe. Là, le coin des vêtements. Usagés pour la plupart, entassés les uns sur les autres. Les acheteurs fouillent les tas frénétiquement. Personne n'essaye les vêtements. On juge à l'oeil et on achète. Pour la première fois de sa vie, Amélie voit une femme acheter un soutien-gorge sans l'essayer.
Lalaina: Attention Amélie, faut pas marcher sur le gazon, y'a des mines.
Amélie s'arrête brusquement. Son corps tremble: Quoi!!!! Y'a des mines anti-personnel ici?
Lalaina: Ah non, pas ce genre de mine. Les mines, c'est les cacas que les gens font par terre. Faut faire attention pour pas marcher dans les cacas.
Amélie ne sait pas si elle doit rire. Mais une chose est certaine: dorénavant, elle ne marchera plus en regardant en haut. Nenon, elle regardera, pour vrai, où elle met les pieds.
Quelques coins de rues plus loin, ce sont les produits alimentaires. Les poissons surtout. Beaucoup de poissons. À l'air libre. Entassés. Les mouches tout autour. Les têtes de zébu aussi. Amélie est décontenancée. Les odeurs, les bruits, la chaleur, les gens. Partout, il y a des gens. Pire que les Promenades St-Bruno un 24 décembre.
Lalaina: Ça va Amélie? Vous êtes correcte? On peut aller moramora (prononcez mouramoura) si vous préférez?
Amélie: C'est quoi moramora?
Lalaina, qui rit un peu: Ça veut dire tout doucement, tranquillement.
Amélie, au cours des mois suivants, expérimentera régulièrement le «moramora». Parce qu'à Madagascar, tout est «moramora»: le rythme de travail, le service au restaurant, les déplacements routiers, les déplacements aériens, le comptage de l'argent, la négociation de marchandises, les réponses aux courriels. Amélie s'habituera...un peu, mais restera toujours quand même intérieurement agressée par cette lenteur.
Sauf que...
Quand viendra le temps des expériences sexuelles malgaches, Amélie se dira que moramora, c'est agréable!
jeudi 29 janvier 2009
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3 commentaires:
«Quand viendra le temps des expériences sexuelles malgaches, Amélie se dira que moramora, c'est agréable!»
Tiens tiens tiens... j'ai envie de dire que ce sera sûrement le sujet d'un épisode futur, j'sais pas pourquoi... haha!
...
moramora d'accord, mais parfois, bangbang, c'est bien aussi ;)
Et le mot du jour : wirammag
@Hispong: Probablement bien plus qu'un épisode...grosse histoire!
@Morgane: Pfff! Je dis pas le contraire, mais bon, dans ce domaine-là, c'est toi l'experte ;)
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